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2010-2025 : 15 ans après le séisme, les leçons oubliées


Après la catastrophe du 12 janvier 2010 en Haïti, et particulièrement à Port-au-Prince, de nombreuses voix se sont élevées pour réclamer une reconstruction digne de ce nom. Sur le plan technique, des efforts avaient été initiés : des professionnels ont été formés à l’étude des risques sismiques, aux constructions parasismiques, à l’urbanisme, entre autres. On nous avait promis un projet de reconstruction ambitieux et exemplaire. Pourtant, les gouvernements qui se sont succédé après le séisme ont fait ce qu’ils savent faire de mieux depuis des décennies : détourner les fonds destinés à cette reconstruction, notamment ceux de la CIRH et de PetroCaribe.

 

Canaan, symbole des échecs de la reconstruction


Alors que les autorités corrompues pillaient les ressources publiques, aucun effort significatif n’a été déployé pour reloger dignement nos compatriotes vivant sous des tentes. Ces regroupements précaires sont devenus des camps, et ces camps, des bidonvilles. L’exemple le plus frappant est celui de Canaan, un bidonville géant qui a émergé après le séisme de 2010. Il était évident dès le départ que cette zone, laissée à l’abandon par l’État, deviendrait un espace où règnent misère, banditisme et criminalité.


Ce type d’expansion urbaine spontanée et dangereuse n’est pas nouveau en Haïti. Après chaque catastrophe naturelle, des survivants installent leurs tentes en périphérie des zones urbaines pour fuir la panique et le chaos. Faute d’alternatives proposées par l’État, ces agglomérations temporaires se transforment progressivement en bidonvilles permanents.

 

Port-au-Prince, entre chaos et abandon


En 2025, 15 ans après le séisme, Port-au-Prince est littéralement étouffée. Canaan coupe la capitale du nord du pays, tandis que Martissant bloque l’accès au grand sud. Se déplacer même sur une distance de 150 kilomètres peut devenir un périple de plusieurs jours, avec des risques mortels. Des dizaines de chauffeurs de bus ou de camions ont été tués, tandis que d’autres ont été kidnappés avec leurs passagers. Opter pour la mer n’est pas toujours plus sûr : des embarcations ont été attaquées, et en novembre 2024, les bandits ont prouvé qu’ils pouvaient même cibler des aéronefs.


Bien que le séisme de 2010 ne soit pas la cause unique de ces maux, il a incontestablement amplifié la crise. Ce tremblement de terre a porté un coup fatal à une économie déjà fragile, et la population n’a jamais réussi à se relever pleinement. Cette désolation généralisée a accentué la vulnérabilité des jeunes des quartiers populaires face aux manipulations des politiciens malhonnêtes.


Aujourd’hui, l’insécurité à Port-au-Prince a provoqué le déplacement de plus de 700 000 personnes. Ces déplacés occupent des bâtiments publics, des écoles et des centres sportifs, ajoutant une pression supplémentaire sur des infrastructures déjà saturées. Si rien n’est fait, cette catastrophe sécuritaire risque de créer un héritage encore plus sombre dans les 15 prochaines années. Reloger ces personnes dignement et de manière pérenne est une urgence pour éviter de reproduire les mêmes erreurs du passé.

 

Newdeskarl Saint Fleur

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