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Le lac Azuéi témoin des changements climatiques récents en Haïti


D’année en année des records de chaleur sont enregistrés un peu partout dans le monde. Les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) sont de plus en plus alarmants. Le dernier en date fait état des effets irrémédiables des changements climatiques même dans l’hypothèse d’une limitation de l’augmentation des températures à 1.5°C comme le veut l’accord de Paris.


Le climat a beaucoup changé depuis des millions d’années. Différents facteurs naturels contribuent à cette variabilité sur différentes échelles de temps. Dans une étude à paraître dans la revue Climate of the Past, une équipe de chercheurs haïtiens représentée par le professeur David Noncent (Equipe de Recherche en Changements Climatiques de l'Université Quisqueya) et des collaborateurs internationaux ont exploré la variabilité climatique et ses impacts sur les cycles hydrologiques au cours du dernier millénaire à partir des sédiments lacustres d’Haïti.

L’analyse géochimique et minéralogique des sédiments du Lac Azuéï en particulier a permis de reconstituer les variations hydro-climatiques en Haïti au cours du dernier millénaire. Ces variations sont regroupées en trois grandes périodes: l'Anomalie Climatique Médiévale (ACM) qui s’étend entre l’an 1000 et l’an 1100 après J.-C., le Petit Age Glaciaire (PAG) de 1450 à 1800 et la Période Chaude Moderne (PCM) de 1850 à 2017.

La période ACM (1000-1100) a été caractérisée par des conditions plus humides contrairement à la période PAG. Ces conditions pourraient correspondre à des températures élevées, mais les auteurs de l’étude ne sont pas en mesure de donner des chiffres. « Certains chercheurs estiment que la température à cette période aurait été de 1.5°C plus élevée qu’aujourd’hui mais il n’y a pas encore de publications scientifiques à ce sujet », a fait savoir M. Noncent.

La période de transition (de l’an 1200 à l’an 1400) entre ACM et PAG a été caractérisée par des conditions plus instables, avec une alternance de conditions humides et sèches. La PCM (de 1850 à 2017) est caractérisée par une augmentation du taux de sédimentation, qui est liée à l'apport de plus de matériaux dans le lac par les processus d'érosion dans le bassin versant du lac à la suite d'activités humaines. Autrement dit, cet apport massif de sédiments n’est pas forcément corrélé à des conditions aussi humides qu’à la période ACM, mais très probablement exacerbé par la déforestation du bassin versant.

D’une manière générale, les chercheurs ont remarqué que les éléments terrigènes (Aluminium, Fer, Titane) tendaient à diminuer à long terme au cours du dernier millénaire. Cette tendance suggère des conditions progressivement plus sèches en Haïti.


Cette recherche réalisée dans le cadre du Laboratoire mixte international CARIBACT, fournit de nouvelles informations détaillées sur les variations hydroclimatiques en Haïti au cours du dernier millénaire et présente des tendances similaires aux schémas régionaux identifiés dans d'autres enregistrements indirects effectués dans les Caraïbes et les Amériques tropicales du nord.

Alors que les effets constatés et annoncés du dérèglement climatique font froid au dos, cette étude met en lumière des particularités locales qui mériteraient des mesures d’adaptation particulières. Avec cette tendance à la sécheresse, l’État haïtien devrait par exemple investir dans la recherche sur des cultures résistantes à la sécheresse. De manière plus générale, « plus on investit dans la recherche, plus de données seront disponibles, ce qui permettra d’éviter ou de diminuer les catastrophes liées aux changements climatiques », a recommandé le professeur Noncent.


Newdeskarl Saint Fleur

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