Pour plus de 50% d’Haïtiens le séisme de 2010 était une punition de Dieu
- newdeskarl
- 25 mai 2020
- 3 min de lecture
Publié le 2020-01-13 | Le Nouvelliste

Une équipe de chercheurs de l’Institut Faraday pour la science et la religion de l’université de Cambridge a réalisé une étude sur les émotions et les croyances après un désastre. Ils ont particulièrement fait une analyse comparative entre le séisme meurtrier d’Haïti du 12 janvier 2010 et celui survenu sur l’île de Java en Indonésie le 27 mai 2006.
366 questionnaires - 212 pour Haïti et 154 pour Indonésie - ont évalué les émotions et les croyances en Haïti après le séisme du 12 janvier 2010 et en Indonésie après le séisme du 27 mai 2006 (1). En Haïti, les questionnaires ont été distribués à six endroits différents autour des zones affectées. Les auteurs ont évalué quatre concepts émotionnels et de croyance : 1) attribution de responsabilité ; 2) peur et perte de contrôle ; 3) croyances sur le monde et les gens ; et 4) religiosité.
Les résultats indiquent des différences significatives entre les réponses dans les deux contextes, en particulier en ce qui a trait aux sentiments de culpabilité vis-à-vis de la catastrophe et de regret concernant les comportements avant le séisme.
Dans un premier temps, un test statistique par sexe a montré que le genre a influencé les réponses dans une plus large mesure en Haïti qu'en Indonésie. Dans les domaines de la punition de Dieu, le score médian pour les femmes était de 5.375 contre 1.5 pour les hommes. En ce qui concerne le fatalisme, le séisme de 2010 était attribué par plus de 117 femmes et plus de 90 hommes sur 212 Haïtiens enquêtés. Plus de 124 femmes et plus de 81 hommes ont affirmé avoir eu peur et perdu le contrôle après le séisme. En ce qui a trait à la perte de confiance dans les gens, plus de 113 femmes et 95 hommes ont répondu par l'affirmative. Alors que les valeurs de tous ces paramètres émotionnels et de croyance ont été relativement équilibrées entre les femmes et les hommes en Indonésie.
Des résultats similaires ont été trouvés quand on compare les réponses par âge et par niveau d’éducation. En Indonésie, en considérant le niveau d’éducation, des différences statistiquement significatives dans les réponses n’ont été observées que pour trois domaines : « perte de confiance dans les gens»; «l’idée d’un monde juste» et «croyances sur la justice ». En Haïti, en revanche, des différences significatives dans les réponses ont eu lieu pour 12 variables. Ces dernières ont l’air d’augmenter avec un faible niveau d’éducation.
D’une manière générale, 51% d’Haïtiens pensent que le séisme est une punition que Dieu a infligé aux pécheurs. 45% pensent que le séisme est une punition pour leurs péchés passés. 42% affirment que le séisme est un châtiment pour leurs erreurs passées. 48% croient que goudougoudou est survenu à cause de l’immoralité et la corruption dans la société. Tandis que seulement 30, 12, 8 et 21% d’Indonésiens ont respectivement les mêmes croyances.
Les Indonésiens croient à 96% que leur séisme de 2006 qui a fait près de 6000 morts était de la volonté de Dieu. Les Haïtiens ne sont pas en reste. Ils sont 80% à affirmer la même chose pour le séisme de 2010.
Bien que préliminaire, cette étude reflète dans une certaine mesure notre perception du risque sismique. 10 ans après, comment percevons-nous ce risque en Haïti ? Un groupe de sismologues et de sociologues haïtiens mettent en ligne un questionnaire (https://forms.gle/52bJ9CfWCYoEAuVy7) que vous pouvez remplir pendant quelques minutes. Cela aidera à comprendre notre perception sur plusieurs aspects et à développer des projets contribuant plus efficacement à la réduction des risques en Haïti.
Newdeskarl Saint Fleur
(1) O'Connell, E., Abbott, R. P., & White, R. S. (2017). Emotions and beliefs after a disaster: a comparative analysis of Haiti and Indonesia. Disasters, 41(4), 803-827.
Comments