top of page

Premières leçons tirées des séismes de Ridgecrest, Californie

Publié le 2019-07-08 | Le Nouvelliste


Le jeudi 4 juillet 2019, à 10 h 33 a.m. (heure locale), un séisme de magnitude 6.4 est survenu près de la ville de Ridgecrest en Californie, suivi d’au moins 250 répliques de magnitude 2.5 ou plus. 34 heures après, soit le 5 juillet à 8 h 19 p.m., un autre séisme de magnitude 7.1 s’est produit à 15 km de profondeur et dont l’épicentre est situé à seulement 11 kilomètres au nord-ouest du précédent. Ces séismes ont déclenché des incendies dans certaines infrastructures mais aucun mort n’était à déplorer.



Ces séismes se sont produits dans l’une des zones sismiques les plus actives dans le monde. La faille de San Andreas, la principale de la région, est la limite entre les plaques Pacifique et Amérique du Nord qui coulissent l’une par rapport à l’autre à une vitesse moyenne de 35 mm/an. Une vitesse de déplacement 5 fois plus élevée que celle d’une faille du même type: la faille d’Enriquillo, la principale faille du sud d’Haïti. La faille de San Andreas est donc susceptible de provoquer de plus grands et de plus fréquents séismes que la nôtre. Le plus fameux reste le séisme meurtrier du 18 avril 1906 mettant en ruines la ville de San Francisco.


Le 7.1 était-il une réplique du 6.4?


Un tremblement de terre provoque du désordre en libérant des contraintes autour de lui. Les aspérités et les failles adjacentes se trouvent ainsi fragilisées et se mettent à rompre à leur tour dans les heures, jours et les semaines suivant le séisme principal. La quantité de répliques décroit avec le temps (1). Il y a donc 10 fois moins de répliques le dixième jour que le premier. Que peut être la magnitude de ces répliques? La loi de Gutenberg-Richter (2) permet de prévoir la distribution des répliques en fonction de leurs magnitudes. En guise d’énoncé, prenons l’exemple d’un séisme de magnitude 6. Ce séisme est capable de provoquer une réplique de magnitude 5, une dizaine de répliques de magnitude 4, une centaine de magnitude 3, et ainsi de suite.


Cette loi prévoit aussi qu’on peut remonter l’échelle des magnitudes. Pour l’exemple du séisme de magnitude 6, il y a une chance sur 10 qu’il provoque un séisme de magnitude 7, une chance sur 100 qu’il provoque un séisme de magnitude 8. Dans ce cas, les séismes provoqués par le séisme principal sont considérés comme un autre séisme à part entière plutôt qu’une réplique classique. Le séisme de 6.4 du 4 juillet 2019 est un précurseur du 7.1, comme c’est souvent le cas des séismes californiens.


L’investissement américain


Depuis le séisme dévastateur du 18 avril 1906 faisant 3 000 morts à San Francisco et dans d’autres villes voisines, l’investissement des américains dans la réduction du risque sismique est sans appel. Si la Californie est l’une des régions du monde les plus à risque sismique, elle est la région la plus surveillée du monde. On ne compte plus les laboratoires et les fonds destinés à la recherche dans ce domaine. Des réseaux denses d’instruments installés le long de la faille de San Andreas permettent de déceler le moindre tressautement de celle-ci. Ne parlons pas des constructions parasismiques qui sont une nécessité.


Alors, enregistrer zéro mort lors d’un séisme de magnitude 7.1 précédé d’un 6.4 est loin d’être un coup de chance. Il y a du travail derrière. Et le résultat est savoureux. L’expérience américaine nous montre une fois de plus que le travail paie. Les dirigeants américains ont compris que rien n’était plus  important que la protection de leurs concitoyens.


En 2010, pour la même magnitude (M 7), Haïti a eu droit à la catastrophe du siècle: 230 000 morts, 300 000 blessés, 1.5 million de sans-abris et la perte de 120% du PIB. Ce bilan est inadmissible compte tenu de la magnitude du séisme. Des séismes de magnitude 7, il y en a une vingtaine dans le monde chaque année. Haïti a payé au prix fort les mauvaises politiques de ses dirigeants en matière d’urbanisme et d’aménagement du territoire. Ont-ils appris les leçons en vue de protéger la population? Près de 10 ans après ce séisme, les constructions anarchiques continuent de plus belle et les dirigeants se partagent les maigres ressources de l’État. La dilapidation du fonds PetroCaribe est un exemple parfait montrant que ces derniers n’ont qu’une mission: piller et partir.


Newdeskarl Saint Fleur


1.- Omori, F. (1894). On the after-shocks of earthquakes (Vol. 7). The University.


2.- Gutenberg, B., and C.F. Richter (1954). Seismicity of the Earth and Associated Phenomena, 2nd ed.: Princeton University Press, Princeton, New Jersey, 310 p.

Posts récents

Voir tout

Comments


GeoscienceHaiti_logo_Hrouge.png

Ce site est dédié au développement et à la promotion des géosciences en Haïti. Il contient des résultats de recherche en Sciences de la Terre et Environnement, une base de données et un blog sur la gestion des risques et des désastres.

Site référence des géosciences et de l'environnement en Haïti.

Rejoignez-nous
  • Facebook Social Icône
  • Gazouillement
  • LinkedIn Social Icône
Contact

Email: geosciencehaiti@gmail.com


Tél: +509 3378-4443

bottom of page